Malgré le règlement UCI, tous les dossards sont différents

L'expression "épingler le dossard" existera sans doute toujours. Il y en a de plein de sortes différentes : papier, fin ou épais, autocollant (avec épingles de secours), tissu, ou même PVC, grandes tailles, petites tailles. Souvent grandes tailles, d'ailleurs. Des dossards trop hauts par rapport aux poches, alors qu'il existe un règlement pour les dimensions : 18 cm de hauteur, 16 de largeur, 10 pour les chiffres, 1,5 pour l'épaisseur du trait... On se retrouve à faire des plis, à sortir les ciseaux, ce qui est toujours embêtant alors que l'UCI fixe des règles. Une fois porté, le dossard n'est pas forcément gênant pour le coureur, même s'il arrive qu'il se décolle et s'envole à cause de la sueur, ou se déchire. Il arrive aussi que l'on trompe d'endroit quand l'on veut accéder à la poche et que l'on se pique sur les épingles. Aie.

Pour ce qui est de préparer son dossard, il y a différentes écoles. L'enlever et le remettre tous les jours ? Le laisser sur le maillot quand il part à la machine ? Attention : avec les épingles, ça peut faire des noeuds dans les filets de linge, ou déteindre... Bref, chacun sa techniques, certains allant jusqu'à avoir leur cérémonial, laissant le dossard exposé à côté du lit pour qu'il porte chance. Me concernant, je l'enlève après chaque jour de course et j'attends d'être dans le bus, pendant les transferts, pour le remettre. Ca m'occupe.

Marginal gains

En ces temps où les "gains marginaux" font parler dans le cyclisme, les dossards font-ils partie du débat ? Ca peut être le cas en contre-la-montre, où il faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de plis, que ça ne flotte pas. Il y a plusieurs techniques pour cela, comme le scotch double-face pour poser une première fois, et ensuite compléter le dispositif avec des épingles posées par l'intérieur pour pas que cela ne dépasse. Quand on part à la quête de la moindre seconde gagné, ça peut valoir le coup d'assurer. Il est vrai que ça m'est déjà arriver de trop tendre le dossard et qu'il se déchire : il se retrouve flottant au vent...

Quand on perd un dossard, ou quand on porte un k-way par dessus, on prend un risque. L'article 1.3.076 du règlement UCI indique que les coureurs doivent "veiller à ce que leur numéro d'identification soit toujours bien visible et lisible". Il y a souvent des amendes quand la pluie s'abat sur le peloton et que les protections sont de sortie. C'est dommage mais pas forcément désuet : il faut bien que les commissaires aient un moyen d'identification du coureur, d'autant que si un coureur échange son vélo avec un coéquipier, le transpondeur ne sera pas le bon. L'établissement du classement reste le but premier.

Un dossard à l'année ?

On en vient à la grande question : en 2014, est-ce que ça a encore du sens d'avoir un dossard et non pas un numéro directement imprimé sur le maillot ? Il est vrai qu'il y a 26 possibilités de lettres et 10 chiffres, ce qui fait pas mal de combinaisons possibles pour un éventuel numéro à l'année. Et du même coup, on ferait une sacrée économie de papier. Mais il y a des limites à cela :

- La symbolique du dossard numéro 1. Si le vainqueur sortant d'une course s'alignait avec le dossard P37, ça aurait quand même moins de gueule. Mais il y a aussi le X1, le leader de chaque équipe : ce sont des choses que l'on regarde dans un peloton.

- Les dossards jaunes de leader du classement par équipes et rouge du combatif de la veille sur le Tour de France, le dossard noir de dernier du général sur le Giro...

- Beaucoup d'organisations vendent un espace publicitaire sur le maillot, que l'UCI autorise à raison de six centimètres sur la partie inférieure. Avoir le dossard directement sur le tissu supprimerait une source de revenus pour les petites courses, pas forcément énorme mais quand même pas négligeable.

- Un oubli de maillots et ce serait la pagaille. - Sur certaines épreuves, il y a des équipes nationales, ou même des clubs amateurs invités, comme sur les classe 2.

Il y a donc des points négatifs quant à imaginer des numéros à l'année, des sports comme le football, mais aussi la moto ou plus près de nous le BMX, présentant moins de contraintes. Mais pourquoi pas opter pour cela sur un Tour de France ? Il existe déjà un dispositif spécial, tout comme sur le Tour d'Espagne, avec le nom du coureur qui figure au dessus du numéro. Il suffirait d'avoir la charte graphique nécessaire pour que le sponsor dossard apparaisse et de produire les jeux de maillots pour les neuf coureurs de chaque équipe. Pas sûr tout de même que ce soit une question d'une si grande importance... D'ailleurs, à la télévision, c'est souvent la plaque de cadre que l'on voit en premier pour identifier un coureur, plus que son dossard.