Quelle étape que celle que remporte Thibaut… Un départ extrêmement rapide, avec un ton soutenu dans les toboggans qui menaient en Suisse, avant d'attaquer la moyenne montagne. L’équipe Sky contrôlait bien et les échappées ne prenaient jamais beaucoup d’avance. Au bout de 50 kilomètres, il y avait un petit groupe à l’avant. Je vois alors que les coéquipiers de Bradley Wiggins temporisent pour le laisser prendre un peu plus de champ. Je saisis l’occasion pour revenir à leur contact et à peine rentré, je repars seul voyant que le groupe n’est pas super bien organisé. Je fais une vingtaine de kilomètres seul avant que Fredrik Kessiakoff ne me reprenne et me lâche. C’est alors qu’un groupe avec Thibaut Pinot me rejoint.

Connaissant la difficulté du final, je dis à Thibaut de rester au chaud : je lui assure que je vais me sacrifier et rouler pour lui. J’essaye ainsi de stabiliser l’écart sur Kessiakoff tout en conservant une certaine avance sur le peloton, emmené à cet instant par la Liquigas. Dans les dernières bosses, je me gare et Thibaut s’envole, distançant un à un ses adversaires, et enfin Kessiakoff. Il garde quelques secondes sur la ligne et s’impose héroïquement. Le fait qu’il me rende hommage dès ses premiers mots en interview d’après-course m’a beaucoup touché. J’étais ravi d’avoir pu aider celui qui sera cette année-là la révélation du Tour de France, se classant dixième du général final à seulement 22 ans.