Chacun son tour

Une mauvaise journée à laquelle succède une autre, puis une autre. La bonne opération comptable du contre-la-montre d’Utrecht est déjà loin. Thibaut Pinot pointe à plus de six minutes après quatre étapes, évidemment que ce n’est pas idéal, évidemment que nous sommes les premiers peinés, évidemment que ça ne nous fait pas plaisir. Heureusement que tout n’est pas écrit d’avance sur le Tour de France. On savait très bien que la première semaine allait être celle de tous les dangers, avec un parcours pimenté tous les jours, des risques de bordures, des arrivées piège… Sur les pavés, n’importe quel coureur, n’importe quelle équipe peut vivre le cauchemar. Certains de ceux qui peuvent avoir le sourire aujourd’hui avaient le masque l’an dernier. Au moins Thibaut est encore en course, touché mais pas coulé.

Une batterie qui lâche et c’est la cata

La frustration doit céder sa place à l’optimisme. Pour une bonne et simple raison : il reste plus de deux semaines de course sur ce Tour de France. La batterie du dérailleur électronique de Thibaut ne rendra pas l’âme tous les jours. L’incident qui lui coûte de laisser filer le premier peloton dans l’avant-dernier secteur pavé du jour est un vrai coup du sort : il n’a pas pu changer de développement, est resté coincé sur le 53x13, ce qui n’a bien sûr pas été un cadeau dans le plus long secteur de l’étape, de surcroit en faux plat. La voiture du DS, passée quinzième dans la file après les pépins des deux jours précédents, était alors très loin. Chaque secteur est couvert par un assistant mais on dépanne pour une roue, pas pour un vélo complet. Le temps pour la voiture de doubler tout le monde et d’arriver à destination, c’était trop tard.

Garder le cap

Nous n’allons pas tout remettre en cause pour autant. Nous sommes un groupe qui fonctionne, nous le savons. Pas question de casser l’excellente ambiance qui règne dans notre équipe. Ce n’est pas l’euphorie, c’est le cas de le dire, mais les sourires ne doivent pas quitter nos visages et les ambitions nos têtes. Tout cela fait partie du sport, encore plus du cyclisme et encore encore plus du Tour de France. Une course impitoyable, mais qui dure trois semaines. Changer ses plans sur un grand tour, c’est dur. On ne sait jamais trop quand il faut le faire. Il est encore trop tôt pour paniquer : il était prévu de longue date que le premier bilan du Tour de France soit fait au soir du chrono par équipes de Plumelec. Le rendez-vous reste pris, même si la tendance est nette pour ce qui est du classement général. Il restera alors de belles choses à faire. Et même bien avant cela, avec ces trois prochains jours des possibilités de sprint pour Arnaud Démare. Nous tirons les enseignements de ces derniers jours mais nous restons unis et ambitieux : il y a un travail de très longue haleine à couronner.