Le fait marquant de mon premier Tour est bien entendu ma deuxième place derrière Sylvain Chavanel sur la 19e étape, Roanne-Montluçon. Je vivais une fin de course difficile et je m'accrochais comme je pouvais au peloton. Ce jour-là, c’était la dernière étape pour les coureurs non-sprinteurs car il n’y avait plus qu’un chrono et l'arrivée sur les Champs. Le départ se fait sur les chapeaux de roue et au bout de dix bornes, une belle bosse se dresse devant nous : à la bascule, un groupe part à la pédale. C'était censé être l'échappée décisive mais des équipes dont les coureurs avaient raté l’attaque, ainsi que leur Tour, ont été punies et ont dû mener la chasse un bout de temps. Moi, je « faisais le drapeau », comme on dit dans le peloton, dans les dernières positions. Juste avant la jonction, je perce et change de roue. Je ne sais pas si le retour dans le peloton m'a débloqué, mais je suis remonté devant et en voyant Chavanel seul 200 mètres devant, je suis parti à mon tour. C’était la bonne… Ah, le destin !
J'avais une crainte : qu'il me lâche avant l'arrivée et que je me fasse rattraper par le peloton. Je sentais qu'il était vraiment fort. Mais finalement nous sommes arrivés au sprint. J'ai attendu le dernier moment pour essayer, avec de la vélocité, de prendre quelques mètres d'avance, mais je suis resté au niveau de son pédalier. Une belle place d’honneur quand même, mais c’est toujours rageant de passer si près.
Pour l'anecdote, mon « petit frère Vélo Magazine », Romain Bardet, est venu me rendre visite lors de cette étape. Ce fut une belle rencontre dans ce qui fut finalement une belle journée, malgré un départ difficile.