Relais et châteaux #2

Le Tour de France des hôtels offre toujours quelques surprises, du château-golf gastronomique à l'hôtel bas de gamme où les pâtes ressemblent à la purée.

"Le Tour de France dans l'imaginaire, c'est la traversée d'un pays aux ressources touristiques et gastronomiques fabuleuses. Pour nous, c'est aussi un transfert d'hôtel en hôtel, de plat de pâtes en plat de pâtes. Avec des hauts et des bas. Comme sur le dernier Paris-Nice où nous avons enchaîné un château-golf luxueux avec restaurant gastronomique - celui dont je ne rêve même pas pour mes vacances - et un établissement représentant bas de gamme où tout est limite. On se retrouve dans une chambre où on ne peut pas ouvrir nos deux valises. C'est compliqué, je dirais même, c'est dommage. Et à l'heure du dîner, c'était en dessous de tout. Dans l'assiette, ça ressemblait à de la bouillie, peut-être de la purée: c'étaient des pâtes. Immangeables. On a un peu grogné. La patronne est venue, elle nous dit que ce n'est pas la faute du chef mais que les pâtes premier prix qu'elle avait achetées n'étaient pas de bonne qualité!

Sur le Tour de France, je n'ai jamais eu à me plaindre. Le cahier des charges est assez strict. ASO met à disposition des cuisiniers pour coacher les employés des hôtels. Parfois, on sent que l'hôtelier est là pour faire du chiffre et qu'il gratte sur les petites dépenses. Alors on remonte dans notre bus à la fin du dîner pour piquer des sandwiches dans la réserve, dans la caisse du petit-déjeuner. Il y a cette fois où on nous avons servi de la viande qui sentait la mort... On hume rapidement l'assiette et on file dans le bus se faire du riz-minute et du jambon. J'ai vu sur Twitter que Fabian Cancellara avait critiqué le room-service de son hôtel. Quand je vois la photo, je comprends.

Chez d'autres coureurs du peloton, c'est un peu un jeu de critiquer la France. Je me souviens d'Andreas Klöden qui avait fait croire qu'il dormait dans des lits superposés alors qu'il avait une grande chambre. La France dans le peloton, c'est un peu le mouton sur lequel il faut s'acharner. Les limites hôtelières n'ont pas de frontière: je me souviens de cette étape du Giro en montagne dans une chambre sans chauffage où j'avais dormi avec cuissards longs et veste thermique. Un truc de fou. Mais pas un scénario que j'imagine pour ce mois de juillet."