Première étape, premier kilomètre, première attaque et première échappée : notre chroniqueur Jérémy Roy revient sur sa journée de course à l'avant. Les récompenses : une foule enthousiaste et une petite prime.
«Le massage est le bienvenu à l'issue de cette première étape parce que j'en ai un peu fait à ma tête aujourd'hui. Les consignes de l'équipe étaient claires ce matin : on savait que cela allait arriver sans aucun doute au sprint et les directeurs sportifs ne voulaient pas vraiment qu'on aille dans les coups. J'avais prévenu que si la route s'ouvrait devant moi, je me lancerais. J'avais dans un coin de ma petite tête de prendre l'échappée du jour, pour bien lancer mon Tour. J'ai suivi la première attaque et c'était la bonne. Je m'en doutais un peu : je voyais les équipes de sprinteurs à l'avant du peloton, mais aussi Vacansoleil et Europcar. Je savais que ces équipes feraient la cassure derrière la première échappée. Scénario classique et ticket pour une journée à l'avant.
Je pense que j'y ai cru plus que mes deux compagnons d'échappée.Dans cette configuration, on peut penser que l'échappée a 99% d'échouer de chances mais cela a des avantages de passer la journée à l'avant : on évite notamment le stress des premières étapes quand tout le monde est hyper nerveux et les chutes en série qui arrivent fatalement. On a aussi fait le plein d'encouragements même si un bon paquet de spectateurs confondaient Perrig et Pierrick au bord de la route. Je pense que j'y ai cru plus que mes deux compagnons d'échappée. Quemeneur et Westra n'ont jamais voulu se livrer à 100%. J'ai envie de dire : qui ne tente rien n'a rien. Si Gilbert chute ou crève, le peloton se désorganise et c'est quelques kilomètres gagnés pour nous... Dans le final, j'essayais de relancer mais ils ralentissaient au relais suivant. Vu le scénario et le vent de face, on aurait peut-être été repris à 5 km de l'arrivée au lieu de 20 km. Mais je suis un peu déçu de ne pas avoir été le combatif de l'étape.
Petite récompense de cette journée à l'avant, j'ai gagné le sprint intermédiaire. Il n'y a pas eu une grosse bataille. On a ouvert la cagnotte de primes pour l'équipe. Cela va mettre du beurre dans les épinards. La prime, c'est quand même 1.500 euros, bien plus que n'importe quelle autre course. Après le retour du peloton, j'ai essayé de me caler au chaud mais j'ai dû poser pied à terre dans la chute à neuf kilomètres de l'arrivée. A ce moment-là, c'est sauve-qui-peut. Je ne vois pas Contador mais je cherche un coéquipier à qui je pourrais éventuellement donner mon vélo. A l'arrivée, petite séance de cryothérapie et massage. Ne vous inquiétez pas pour les repas de l'hôtel : nous sommes comme des coqs en pâte.»