Cent cinquante jours loin de la maison, c'est long. Jeune père de famille, notre chroniqueur Jérémy Roy a croisé femme et enfant dimanche avant de retrouver sa routine avec Sandy Casar.
«Le contre-la-montre par équipes, c'est le type de journée que je finis soulagé. Ce matin, tout le monde dans l'équipe était un peu nerveux. C'est un exercice rare et on a une certaine appréhension : avoir un jour sans, faire une erreur de trajectoire quand on a les mains posés sur le prolongateur. On s'en sort sans dommage et aux portes du top 10. Il y a trois gars qui remettaient bien les gaz, Sandy Casar, William Bonnet et Anthony Roux... Moi, j'étais moins transcendant que j'aurais dû être. Mais je ne vais pas mentir. L'événement du jour, c'était la visite à l'hôtel de ma femme et ma fille Julia. Elle est née le 21 juin. Je ne l'ai vue que trois jours entiers, puisque j'ai enchaîné sur les championnats de France et le Tour de France. C'est dur de ne pas la voir dans ces premiers jours et cela m'embête un peu pour la maman : tout le travail est pour elle et pour l'instant elle est plus fatiguée que moi... On en reparle dans trois semaines.
C'est l'une des contraintes du métier. La famille s'inscrit en pointillé de février à octobre. Sur l'année, je suis absent de la maison environ 150 jours, avec 90-95 jours de course, les stages de préparation et ces longues heures de voyage et tranferts. Je me rattrape comme je peux l'hiver mais ce n'est pas non plus 24 heures sur 24 à la maison. Donc, pendant un mois, je change de femme. Je partage ma chambre avec Sandy Casar sur le Tour de France, comme tous les ans depuis que je suis au départ. C'est un choix par affinités, par habitudes et par cycles de sommeil. Il se couche à 23h00 comme moi. Certains veillent jusqu'à minuit, d'autres ont besoin de s'endormir devant la télé, d'autres sont de gros ronfleurs. Sandy n'a aucun de ces défauts et est plutôt discret.
Tous les deux, on a une routine tranquille le soir à l'hôtel. Je mets à jour mon site Internet, j'ajoute un petit mot sur Facebook pour les supporters. On se repose, on débriefe et on appelle la famille. A la FDJ, on n'a pas de joueurs de cartes mais plus de joueurs de jeux vidéo. Quand il a fini sa journée de course, Arthur Vichot file simuler des courses et des saisons sur Pro Cycling Manager. Pour les soirées tranquilles, j'ai pris des films dans mon ordinateur, des comédies et des films d'aventure où il ne faut pas trop réfléchir. Des séries aussi, de Desperate Housewives à Dr House. Je n'ai pas encore eu le temps d'y jeter un oeil. Lundi, c'est sprint massif. Pas pour moi : si je veux briller, il faudrait prendre une échappée. Mais je ne vais pas me cramer tout de suite. J'ai hâte de revoir ma femme et ma fille. Pas forcément de me retrouver dans mon canapé à regarder la fin du Tour.»