Infatigable ou presque, Jérémy Roy a encore tenté sa chance sur les routes des Côtes d'Armor après être passé entre les chutes. Mais les jambes sont lourdes.
"Je vous promets j'avais les jambes lourdes mercredi matin. Et j'ai encore bien des difficultés à les traîner ce mercredi soir. Heureusement, j'ai passé la journée sans me faire mal ailleurs. Il y a eu du cuissard et du maillot arrachés, des coudes et des épaules contusionnés, de grosses frayeurs. Je ne suis pas d'accord avec les coureurs qui disent que les routes étaient étroites. Ok, le parcours n'était pas sur l'autoroute, on a roulé sur des chemins communaux mais les chutes en série s'expliquent avant tout par le vent et la nervosité des coureurs. Chacun craignait les bordures et les cassures dans le peloton et chacun voulait rouler en tête du peloton. En plus, les directeurs sportifs nous criaient dans l'oreillette de remonter quand ils nous voyaient traîner à l'arrière. Pas agréable de se faire engueuler. Tout le monde a eu peur et beaucoup ont eu mal. Il y a toujours des roues qu'on préfère éviter, ceux qui tombent plus souvent que la moyenne mais je garde les noms. J'ai évité le pire à un moment : j'ai été déséquilibré et je suis passé par-dessus mon vélo. Heureusement, j'ai déchaussé et je ne suis pas tombé. J'ai percé ma roue avant et je me suis offert une belle poursuite. C'est ça qui m'a débloqué.
Avec Thomas Voeckler, on s'est évadé par le bas-côté, je me suis faufilé entre deux spectateurs.Je vous promets je n'avais pas prévu de jouer ma carte personnelle. Dans l'équipe, la consigne était d'aider William Bonnet à se placer pour le sprint en faux-plat montant. J'ai roulé un moment en tête du peloton après Saint-Brieuc mais j'ai vu une belle ouverture quand le peloton s'est mis à temporiser dans une bosse. Les équipes de sprinteurs prenaient toute la largeur de la route : avec Thomas Voeckler, on s'est évadé par le bas-côté, je me suis faufilé entre deux spectateurs. Je suis tombé sur le compagnon d'échappée idéal. Cette fois-ci, c'était moi le boulet. Je n'arrivais pas à bosser pour creuser l'écart, à appuyer mes relais. Dommage pour lui, j'étais un ton en-dessous. C'était de ma faute. Il a roulé à bloc et je m'attendais à ce qu'il en remette une couche dans le final. Plus pour le fun, il faut le reconnaître. A l'arrivée à l'hôtel, j'étais le premier au massage. J'y suis allé sans traîner les pieds."