Perdant magnifique à Lourdes, Jérémy Roy a profité des retombées de son aventure samedi sur la route du Plateau de Beille, les pois sur le dos.
"Entre Saint-Gaudens et le Plateau de Beille, je me suis reposé sur mes lauriers : même pas d'échappée ! Je plaisante. J'ai passé une nuit bien courte, en dormant quatre heures à peine. Je n'ai même pas eu le temps de refaire l'étape de vendredi même si j'étais nerveux. Mais j'ai essayé de lire tous les messages que j'ai reçus par mail, par twitter, sur mon site internet. Le mot que je retiens de tous de ces témoignages, c'est « merci. » Je suis un peu surpris de recevoir des remerciements. Vraiment bizarre ! J'ai essayé de profiter au mieux de mon échappée non décisive : au dîner, avec Sandy, on a chipé un moelleux au chocolat qui était réservé au menu du staff. Et ce matin au départ, c'était très agréable de me faire acclamer à la sortie du bus.
Les cent premiers kilomètres de l'étape sont passés dans l'euphorie. Avec le maillot à pois sur les épaules, je n'ai même plus besoin de m'échapper pour être reconnu par les spectateurs, même si certains persistent à m'appeler Jérôme voire Anthony. Le charme s'est finalement dissipé et j'ai lâché au pied du col de Latrape, rattrapé par la fatigue. C'était un peu le sauve-qui-peut. J'avais du mal à dépasser 330 watts dans les cols. Ensuite, j'ai dépassé le groupe Cavendish - Greipel et j'ai fini l'étape dans un gruppetto. La montée vers le Plateau de Beille a été plus stressante que prévu à cause du coefficient appliqué pour les délais : 28 minutes contre 46 minutes hier. Cherchez l'erreur. J'ai couru les derniers kilomètres de l'ascension en tête de notre groupe, un peu pour profiter de mes derniers bains de foule avec les pois, un peu pour éviter l'élimination. Certains coureurs grognaient contre le rythme mais on sauve notre peau pour quelques minutes. Pas William Bonnet malheureusement qui n'était pas aidé par ses problèmes aux genoux.
Voeckler, le pire et le meilleur des compagnons d'échappée.Malgré la belle échappée de Sandy Casar, l'équipe reste sans victoire d'étape. On collectionne nos prix de combatifs comme lots de consolation mais on reste persuadés que c'est la bonne méthode pour y arriver. Je pourrais même m'en sortir avec le prix de super-combatif à Paris. Je me méfie quand même de Johnny Hoogerland s'il se lance dans des raids dans les Alpes, de Sylvain Chavanel qui n'a pas dit son dernier mot, mais aussi de mon coéquipier Mickaël Delage. Un autre coureur dont il faut se méfier, c'est Thomas Voeckler. Pour l'instant, c'était à la fois le meilleur et le pire des compagnons d'échappée. Le meilleur car il sent la course comme personne et qu'il est souvent proche de la gagne, le pire car il est malin comme personne. Il sait utiliser tous les moyens à sa disposition, y compris psychologiques. Au tour des prétendants au Maillot Jaune de goûter au Voeckler."