La clarté des mots, la transparence des chiffres, l'acceptation des règles: Jérémy Roy évoque son rapport à la lutte antidopage, donc au dopage.
"Allez, ça y est. Ceci est une chronique sur la lutte antidopage, donc sur le dopage. Faut-il parler à nouveau de ce thème et associer vélo et dopage ? Cela m'embête. Faut-il garder le silence même si le cyclisme est l'un des sports les plus avancés dans la recherche des tricheurs ? Personnellement, je fais abstraction de la question quand je suis en course. Les performances suspectes, les doutes ne servent qu'à se pourrir l'esprit si je les garde en tête et je ne fais jamais rien. Le dopage a été un fléau de mon sport, avec des affaires retentissantes, et je ne sais pas comment enlever cette suspicion. J'ai une conception claire du cyclisme: je fais du sport pour me faire plaisir avant tout. Je ne joue pas avec ma santé. Faut-il que je me colle un tatouage «doping free» comme certains coureurs l'ont fait ? Attention à ne pas le mettre à l'envers. «Free doping», ça le fait moins. C'est parole contre parole.
Ma performance reste dans le caractère humain. A 380 watts sur une ascension dans les Pyrénées, je suis loin des records.Les chiffres mentent moins. Depuis le début du Tour, toutes mes analyses de puissance sont disponibles sur internet, sur le site du constructeur SRM, avec le détail de mes échappées. Cela peut intéresser les entraîneurs, les coureurs... mais pas les amateurs de performances extraordinaires. Ma performance reste dans le caractère humain. A 380 watts sur une ascension dans les Pyrénées, je suis loin des records. Idem pour les valeurs sanguines: mon hématocrite est à 40% et varie entre 39 et 42. Je ne communique pas sur les données de mon passeport hématologique mais je peux le montrer à n'importe qui, n'importe quand. Avant la mise en place du passeport biologique par l'UCI, j'avais déjà collaboré avec l'association "athletes for transparency" en 2007: on recevait un message de manière aléatoire, on faisait un contrôle au laboratoire le plus proche et on publiait les résultats sur internet. Mais je ne suis même pas sûr que cela suffise à enlever la suspicion tant certains ne veulent plus dissocier vélo et dopage.
Je crois à la lutte antidopage, avec le passeport biologique tout au long de l'année, des contrôles systématiques pour les premiers à l'arrivée des courses et des contrôles inopinés à l'hôtel. Je le reconnais: cela ne fait pas plaisir d'être tiré du lit à 7 heures du matin. L'UCI a été encore plus loin cette saison en interdisant toutes les seringues dans les équipes y compris pour les produits de récupération. Cela m'arrange bien: je ne faisais pas de récupération intraveineuse. Pour le glucose, le magnésium, les vitamines, je préfère les aliments spécifiques ou des boissons enrichies en oligo-éléments. Pour le dopage Je n'ai jamais eu de tentation. J'ai commencé dans un petit club et je n'ai jamais fréquenté de vieilles gloires. C'était un groupe de jeunes, on rigolait bien ensemble. Je n'ai jamais eu de proposition. Pas le bon client, sans doute."