Quand il ne prépare pas une échappée, Jérémy Roy pense aux poches-poubelles à installer sur les maillots. Son point de vue sur le lien entre le vélo et l'environnement.
"Vous voyez le coureur échappé qui vide toujours ses poches à quelques kilomètres de l'arrivée pour s'alléger ? Il sort de son maillot trois bouts de papier et les jette négligemment au bord de la route. Gains en terme de poids : quelques grammes ridicules. Pertes en terme d'image : la vision d'un sport qui néglige l'environnement. Pour certains, c'est un tic, un réflexe de course, une mauvaise habitude. C'est dommage. Depuis cette année, le Tour de France a lancé une initiative pour se vider les poches sans ruiner son image : une zone de collecte des déchets de quelques centaines de mètres juste avant le ravitaillement. Beaucoup de gars ont pris le pli : la zone ressemble à un champ de mines, à Woodstock à la fin des festivités, c'est impressionnant... Le discours nous a été rabâché ainsi qu'à tous les suiveurs avant le passage dans les zones Natura 2000. Si on veut continuer à emmener le Tour de France dans des paysages grandioses, du Cap Fréhel aux monts d'Auvergne, c'est un passage obligé même si je me passerais bien de quelques ascensions dans les parcs naturels...
Pour ne pas confondre vieux papiers gras et barres énergétiques à l'arrière du maillot, on a même prévu le petit détail de mode qui fait la différence : une petite poche sur les flancs qui fait office de poubelle portable. Les coureurs l'ont sur leur maillot à la FDJ et chez Saur-Sojasun, et ASO les a rajoutés aux maillots distinctifs : que des maillots verts en résumé. C'est le moment où je fais mon auto-promotion : c'est un peu grâce à moi, je dois dire. Je suis membre de la commission de développement durable de la Fédération. On se retrouve (très rarement je reconnais) pour parler de protection de l'environnement. Ce type d'initiative, c'est bon pour le sponsor et pour l'image du cyclisme professionnel, la vitrine du sport. C'est un peu la chance du vélo : se mettre au diapason de l'époque qui valorise le sport-nature, les activités non polluantes. Pour les bidons, certains voulaient nous donner des produits biodégradables mais le meilleur recyclage actuel, c'est encore de les laisser au public plutôt que de les envoyer moisir dans un fossé. Non, je ne parle pas des vieux coureurs."