La vraie vie #23

La vraie vie #23

Trois semaines de Tour de France, c'est souvent grandiose. Le quotidien loin de la course, c'est pas mal aussi, avoue Jérémy Roy dans sa dernière chronique du Tour.

"Le Tour de France, c'est dur. Plus de 3.400 km pendant trois semaines, des massifs montagneux à gravir, des journées passées sous la pluie, dans le vent, des souffrances à supporter, des douleurs à oublier. Mais c'est une bulle dans le temps où on a « juste » à faire du vélo, loin de la vraie vie. Dès que l'on descend de la selle, on est assisté à 100 % : les médias boivent nos paroles, on est nourri, logé, blanchi, massé. Et du jour au lendemain, il faut percer la bulle, retrouver le train-train quotidien de monsieur tout-le-monde. Ouvrir le courrier, payer ses factures, faire à manger, débarrasser la table, faire la lessive, faire les courses... Mais, je vous assure, je ne mets pas les pieds sous la table quand je retrouve ma femme.

Après plus de trois semaines sous pression, où l'on vit toute la journée avec le public qui hurle dans les oreilles, on relâche aussi toute la tension nerveuse et physique. On baigne dans un calme, une torpeur aussi bénéfique qu'étrange. Et le coureur post-Tour de France s'installe dans une douce dépression, un « Tour-blues » si l'on veut. Cela reste assez temporaire et on se remet vite en selle, au propre comme au figuré. Je serai lundi à la maison mais je vais vagabonder encore une semaine du critérium de Lisieux à la Polynormande. En août, je reprendrai au Tour de Limousin avant de m'offrir une excursion au Japon avec deux autres coureurs pour une opération avec notre sponsor Shimano. Avant cela, trois semaines à ne rien faire ou presque chez moi. Cultiver mon jardin, m'occuper de ma fille née juste avant le Tour. La vraie vie, quoi."