Je suis transparent #30

Je suis transparent #30

Encore à l'attaque sur Liège-Bastogne-Liège, toujours pas récompensé, Jérémy Roy évoque son début de saison sans réussite. Dernière chance avant la coupure du printemps cette semaine en Romandie ?

C'est peut-être la beauté du sport, cette incertitude qui fait que rien écrit à l'avance, mais à la fin de la journée, à la fin du printemps, c'est assez laid, plein d'amertumes et de regrets. C'est bientôt la moitié de la saison pour moi et je n'ai pas eu un bon résultat à me mettre sous la dent. Même si j'ai aidé l'équipe dès que j'ai pu, ce qui fait du bien, je suis transparent dans les classements. Depuis un mois, j'ai bien bossé, j'ai fait du foncier, avec de belles séances derrière le scooter, la forme est revenue mais pas la réussite.

Dans l'oreillette, on me disait que c'était la bonne échappée. Les mecs dans le peloton commençaient à crier « pisser » pour ralentir et souffler un peu mais un coureur a relancé et a ramené tout le monde sur nous.J'étais au départ de Liège-Bastogne-Liège dimanche sans attendre de miracle. Je voulais être dans l'échappée matinale pour être rejoint le plus tard possible par les favoris. J'ai bataillé une bonne heure pour avoir le bon de sortie. J'ai bien cru y arriver quand on a pris une vingtaine de secondes à quatre sur le peloton. Dans l'oreillette, on me disait que c'était la bonne. Les mecs dans le peloton commençaient à crier « pisser » (cf sa chronique sur les mots de passe) pour ralentir et souffler un peu mais un coureur a relancé et a ramené tout le monde sur nous. Un contre est parti : c'était la bonne échappée. J'y ai laissé beaucoup d'énergie et pas mal de frustrations. Sur le papier, je devais bosser pour Arthur Vichot (21e) mais je n'arrivais plus à me replacer en tête du groupe. Il s'est débrouillé tout seul. L'écrémage s'est fait par l'arrière et j'ai sauté dans la côte de la Redoute. Tout ça se joue à quelques watts près au moment clé mais ça ne passe pas.

Au Tro Bro Léon, je crève cinq fois dont les deux roues en même temps à 30 km de l'arrivée.C'est un peu comme ça depuis un mois : au Tour du Finistère, l'équipe s'est fait piéger dès le départ et j'ai dû travailler pendant deux heures : c'était mort pour un bon résultat. Le lendemain, au Tro Bro Leon, j'ai encore plus de regrets. C'est une course que j'avais déjà gagnée et que j'ai bien préparée mais je crève cinq fois, dont les deux roues en même temps à 30 km de l'arrivée à l'entrée d'un long secteur. Je n'ai jamais revu le premier groupe...

Il me reste le Tour de Romandie pour relever la tête. Sur le papier, le parcours me va bien, avec de la moyenne montagne et des profils bien vallonnés. Il y a deux ands, j'avais fait 14e au général en finissant 3e du prologue. Mon premier objectif, ce serait de faire un bon prologue puis de suivre les leaders un maximum toute la semaine, sinon, je ferai les étapes pour me placer dans les échappées. Elles ont de bonnes chances d'aller au bout. J'aimerais aussi une météo bienveillante, pour changer. Je ne suis jamais aussi fort que dans la chaleur : après le blizzard du Tour Med et la neige du Tour de Catalogne, on a encore fini gelés à Liège avec une vilaine pluie qui nous a rattrapés à 50 km de l'arrivée.  Aide-toi et le ciel t'aidera ... peut-être.